Cobra perd Constant
Par Blog Formation, samedi 6 août 2005 à 07:42 :: Art & Culture :: #282 :: rss
Le Néerlandais était l'un des fondateurs du mouvement d'avant-garde.
Par Hervé GAUVILLE
vendredi 05 août 2005 (Liberation - 06:00)
Lundi, l'artiste néerlandais Constant est mort du cancer à Utrecht. Né Constant Anton Nieuwenhuis le 21 juillet 1920 à Amsterdam, il avait entamé sa carrière dans une école d'art industriel avant d'intégrer l'Académie royale d'Amsterdam. Il découvre l'oeuvre de Joan Miró en 1946 à l'occasion d'un voyage à Paris. Au même moment, il rencontre le peintre Asger Jorn. La conjonction de ces deux événements est déterminante. Elle va détacher Constant de l'influence cubiste puis néo-expressionniste, pour l'amener à participer à la grande aventure de Cobra.
Scission. Le nom de Cobra, inventé par le poète belge Christian Dotremont, est formé par les premières lettres des capitales d'origine des artistes : COpenhague, BRuxelles et Amsterdam. Le mouvement a existé entre novembre 1948 et novembre 1951. Né à Paris d'une scission du surréalisme révolutionnaire, il réunit principalement des artistes et des poètes danois, belges et néerlandais. Ses origines moins immédiates sont à chercher d'une part à Copenhague, du côté d'Asger Jorn et d'un ancien groupe abstrait-surréaliste et de l'autre, aux Pays-Bas avec Karl Appel, Corneille et Constant qui, avec quelques poètes, se retrouvent pour expérimenter leurs idées et les publier dans la revue Reflex.
Bien que créé en réaction aux avant-gardes parisiennes, c'est à Paris, au café Notre-Dame, que Cobra est officiellement fondé le 8 novembre 1948. Pendant cette période, Constant exécute une peinture violente, parfois douloureuse, dans laquelle les animaux occupent la situation de victimes et manifestent un désir effréné de liberté. Ainsi apparaissent, en 1949, les figures de l'Animal sorcier et du Chien ou, en 1951, celles de Femme et animal. La guerre devient ensuite le second thème de prédilection de l'artiste.
Situationniste. L'esprit Cobra s'effrite alors et Constant se tourne vers l'abstraction géométrique, avant de s'intéresser à l'architecture. Ainsi naît le projet utopiste de New Babylon, conçu pour des habitants animés par le goût du jeu et de la fantaisie, débarrassés de l'esclavage des machines et des idéologies consuméristes. Ces projets se matérialisent par une série de maquettes, plans et documents abondant en structures géométriques et labyrinthiques. Sur ces bases, Constant rejoint le groupe situationniste et, en 1958, cosigne avec Guy Debord une déclaration sur l'urbanisme «unitaire». Ses peintures forment alors autant de propositions pour imaginer une cité idéale et visualisent cet urbanisme à venir par un chromatisme très libre d'associations, mais aussi par des formes et des compositions charpentées.
A partir des années 70, Constant opère un retour sur la peinture, loin du situationnisme et de New Babylon qu'il vient de quitter, encore plus loin du Cobra de sa jeunesse. A l'automne 2001 une rétrospective au musée d'Antibes permettait de ressaisir le parcours du Hollandais peignant et de mesurer, par la même occasion, l'écart immense entre l'effervescence, tantôt joyeuse tantôt révoltée des débuts et la grandiloquence des trumeaux mélodramatiques des dernières années.
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